Sous les lumière de la Lune |Libre

Rosen, après avoir passé sa journée à patrouiller, se dirigea d'un pas lourd vers la Colline du Soir. Il marchait lentement, sous sa forme féline, d'un pas toujours gracieux, vers le lieux magique. Il y arriva aux dernière lueurs du jours. Ses oreilles de Lynx se redressèrent, il s'assit au sommet de la colline, le museau pointé vers la Lune. Il attendit quelques minutes, et, sous ses yeux ébahit, s'allumèrent plein de petite lumière, comme autant de morceaux de lune tombés du ciel.

Rosen remua ses moustaches, et son corps de félin s'allongea pour se transformer en un corps svelte de jeune homme. Il s'allongea dans l'herbe fraîche, et laissa son esprit dériver. Contemplant les étoiles et la lune, allongé au milieu de million de point lumineux. Il ferma les yeux quelques instants. Dans ses prunelles vertes défilèrent ses souvenirs. Sa main caressa l'herbe avec douceur, lui rappelant les mains de sa mère caressant son pelage, des nuits semblable à celle-ci, et dans ce même endroit.

Rosen sourit, puis finit par rire tout seul. Il s'étendit complètement dans l'herbe, la brise venant jouer dans ses cheveux. Il regardait encore le ciel, complètement ailleurs. Comme s'il était seul au monde. Il soupira, et ferma les yeux.

Ariane était assise, pensive, dans un coin d'ombre. Elle machait distraitement un brin d'herbe sèche. Sa journée avait étée assez chargé, elle avait chassé assez pour nourri le Clan pour deux ou trois repas. Mais alors, pourquoi s'ennuyait-elle ainsi ? La guerrière se prit la tête entre les mains. Pourquoi ressasser toujours les mêmes souvenirs ? Pourquoi ne pas arriver à faire une croix sur le passé ? Soudain, un bruissement discret attira son attention. Elle tendit l'oreille, attentive.

Sous ses yeux, une silhouette s'approcha du sommet de la colline. Une silhouette féline, svelte. Un lynx. Le félin frémit des moustaches, et se transforma bientôt en un mince et gracile jeune homme. Il braqua son regard vers l'astre nocturne et s'allongea dans l'herbe tendre, contemplant le ciel parsemé d'étoiles. Et, sous un rayon de lune, Ariane le reconnut enfin. Rosen.

Le jeune homme caressait doucement l'herbe, les yeux brillants. Il se mit bientôt à rire, de son rire sincère qu'Ariane appréciait. La jeune fille l'entendit soupirer, et dans la pâle lueur, la guerrière vit ses paupières retomber.

Ariane avait le regard fixé sur Rosen. Un garçon discret, à l'aura légèrement sombre et mystérieuse. La jeune fille éprouvait une sensation étrange vis-à-vis du jeune homme. Attirée par lui, mais incapable de s'en approcher. La guerrière rougit. Elle était incapable de se débarasser de cette extrême timidité.

Un étrange cri d'oiseau déchira le silence. Se retournant, surpise, la guerrière cogna violemment son avant-bras dans une ronce si vieille qu'on l'aurait prise pour un tronc. Elle retint un gémissement de douleur quand les épines lacérèrent la chair, et qu'elle sentit le sang couler lentement dans le creux de sa main. Il y avait pire. C'en était fait de sa discrétion, à présent.

Quand un cri retentit dans la nuit, non loin, Rosen ouvrit subitement ses yeux verts pâles. Ce n'était pas le cri de l'oiseau qui l'avait subitement mit sur ses gardes. C'était un bruit matte, et certainement pas provoqué par le volatile. Il plissa les yeux, écoutant avec attention les bruits autour de lui. Il entendit une respiration. Il huma d'ailleurs l'odeur du Clan, se qui le calma. Mais il sentit l'odeur du sang, et frémit. Ha, le sang ! Sa faiblesse. Il aimait énormément cet épais liquide rouge. Non pas au point d'en boire des litres... Il se releva lentement. Il discerna, près d'une grosse et vieille ronce, une jeune fille. Plissant les yeux, il la reconnut au bout de quelques instants. Il s'agissait d'Ariane.

Rosen se releva lentement, et s'accroupit. Ses yeux de Lynx observèrent la jeune femme. C'était sa main, qui était en sang. Et elle se tenait au pied de la colline, même un peu plus bas. Il plongea, fit un roulé-boulé, se transforma pour arriver en un temps record dans un buisson, parfaitement camouflé, et sans bruit. De sa cachette, il observa la jeune guerrière pendant quelques instant. Puis, a nouveau transformé en homme, il ramassa un groseille qui pendait sous son nez, et la mâcha lentement. Soudain, des petits couinement à sa droite lui firent tourner la tête. Un écureuil mécontent de voir un intrus tout près de sa cachette s'agitait furieusement.

Le jeune homme ne fit pas plus attention que ça au petit mammifère roux qui s'énervait. Si bien qu'au bout d'un moment, ce dernier lui sauta dessus et lui mordit férocement la main. Rosen laissa échapper un cri de surprise, et sauta hors du buisson. Il aurait très bien put tuer l'animal toujours accroché à son bras. Rosen fit quelques pas en arrière, et tomba sur les fesses, l'animal toujours accroché, non plus à son bras, mais à sa veste. Le jeune homme pesta, attrapa l'insolent écureuil, et le balança plus loin. Ne se faisant pas prier, l'animal courut rejoindre son buisson.

Rosen se releva, s'épousseta et leva son regard vert pâle sur Ariane. Puis il jeta un regard à la vieille ronce, et un fin sourire s'étira sur ses lèvres, n'y voyant pas d'endroit abîmé. Sourire qu'il balaya aussitôt. Son regard se posa sur la main d'Ariane, encore ruisselante de sang. Enfin, au bout d'un certain temps, il lâcha ;

"Bonsoir..."

"Bonsoir..."

Le jeune homme avait dit ça d'un ton simple, comme s'il était normal de sortir d'un buisson en criant puis de lancer un écureuil. On entendait encore de petits couinements de protestation.

"Hm. Bonsoir."

Rosen avait les yeux fixés sur Ariane, sur sa main ensanglantée plus exactement. Ses yeux avaient une lueur bizarre, indéfinissable. On aurait dit un prédateur devant sa proie. Ignorant de son mieux le regard insistant du jeune homme, la guerrière lécha distraitement le sang sur sa main. Non pas que ce soit bon, mais après tout personne n'allait le faire à sa place, tout de même. La plaie saignait toujours un peu, Ariane l'essuya sur sa jambe en gromellant intérieurement. Le résultat fut encore pire : une traînée rouge foncée sur le mollet. Tant pis. La jeune fille se releva avec une souplesse féline et resta debout devant Rosen. Elle ne savait pas bien quoi dire et, au fond, elle n'avait pas envie de parler. Elle aurait pu prendre la fuite, mais cela aurait fait... lâche. Son regard glacé étudiait la silhouette de Rosen, dont les yeux la mettait plutôt mal à l'aise. Pourquoi donc la regardait-il comme ça ?

"Hm. Bonsoir."

Rosen tenta de sourire à la jeune fille. Ses yeux s'arrêtèrent longuement sur sa main. Il luttait pour ne pas venir goûter quelques gouttes de ce sang... Ariane eu la mauvaise idée de s'essuyer sur sa jambe. Une longue traînée de sang resta sur celle-ci. Les yeux du jeune homme brillaient étrangement. Tout le corps de Rosen tremblait légèrement. Il serra les poings.

Spoiler:

Rosen ferma les yeux. Il devait lutter. Que lui avait donc dit sa mère ?... Qu'il était ?... Mais l'odeur du sang était trop forte. N'émanant que de la main de la jeune femme, cela aurait put aller... Mais se l'étaler sur la jambe, par une nuit de pleine lune... De pleine lune...

Le jeune homme ouvrit brutalement les yeux. Il plongea devant Ariane, et lui saisit la jambe. Ses deux pupilles n'étaient plus que deux traits. Lentement, il "lava" le mollet ensanglanté, se délectant du sang d'Ariane. Puis soudain, il perdit tout éclat dans ses yeux. Il recula prestement, tremblant, le visage défiguré par l'horreur. Sa vision se troubla à la vue du sang coulant encore légèrement de la main d'Ariane. Il trébucha, et courut jusqu'au sommet de la colline. Il s'y agenouilla, et sanglota lentement.

"Pourquoi... Pourquoi moi... Pourquoi suis-je maudit ?..."

Figée sur place, Ariane reprenait contenance. A la va-vite, elle déchira sa manche et banda son avant-bras. Elle essuya ensuite toute trace de sang dans l'herbe. Qu'est-ce qui avait bien pu passer par la tête du jeune homme ? La jeune fille tendit l'oreille. De faibles sanglots résonnaient non loin. Rosen ? A pas de lynx, elle grimpa au sommet de la colline, par le chemin que le jeune homme avait emprunté quelques instants plus tôt. Elle se figea sur place, à la fois par discrétion et à cause de ce qu'elle voyait. Rosen, à genoux dans l'herbe, sanglotait doucement. La Lune dardait sur lui un regard d'argent.

"Pourquoi... Pourquoi moi... Pourquoi suis-je maudit ?..."

Maudit ? Elle avait bien entendu ? Ce garçon était décidément bien étrange. La guerrière aurait bien voulu y voir clair dans son comportement.

Intervenir ou ne pas intervenir ? Déranger... ou pas. Tel était le dilemme. Après concertation avec elle-même, Ariane prit son courage à deux mains et s'approcha, toujours silencieuse. Le jeune homme lui faisait pitié, même après s'être délecté de sang humain. De plus, la guerrière songea qu'elle ne risquait rien, à part une nouvelle relation désastreuse. Mettant un genou à terre, elle murmura :

"Rosen ? Ce... Ça ne va pas ?"

Question stupide. Evidemment que ça n'allait pas, et la guerrière le savait très bien. Mais, piètre interlocutrice, elle ne savait absolument pas quoi dire.

"Rosen ? Ce... Ça ne va pas ?"

Rosen ne l'avait pas entendu arriver. Enfin, si, sa fine ouïe l'avait avertit, mais il n'y avait pas prit garde. Il sursauta quand elle lui adressa la parole. Elle lui parlait ? Même après ce qu'il avait fait ?! Que lui avait donc dit sa mère ? Non, il n'était pas un vampire. Quoi donc ?... Il se retourna lentement. Au moins, le sang n'était plus à porté de crocs.

"Fais attention à toi... Je suis maudit..."

Le jeune homme se leva lentement. Il croisa le regard d'Ariane. Il aimait ce regard sombre. Il sourit faiblement. Ses deux canines, légèrement plus pointues que la normale, dépassèrent un peu d'entre ses lèvres. Il referma immédiatement la bouche, baissant la tête. Il sentait qu'il pouvait faire confiance à sa jeune camarade.

Il ressentait quelques chose d'étrange au plus profond de son âme. Et il savait que ce n'était pas le Démon, la Malédiction. Quelque chose de plus doux, de plus chaud que cette horrible soif de sang. Il regarda la lune, quelques instant.

"Cette malédiction nous viens de mon grand-père..."

Rosen garda ensuite le silence. C'était la première fois qu'il en disait tant sur cette "malédiction", même si c'était peu...

"Cette malédiction nous viens de mon grand-père..."

Le jeune homme se plongea dans le silence. Ariane le comprenait, après ce qu'il venait de lui avouer. Une malédiction... C'était sûrement possible, Ariane n'envisageait pas que le guerrier lui mente. Et puis, quelle autre explication à la scène en bas de la colline ? Elle esquissa une sorte de pâle sourire. En y regardant mieux, les deux canines de Rosen étaient un peu plus longues que la normale. Comme les siennes. Mais bon... Elle n'était pas maudite. La guerrière sentait qu'elle allait trop loin, mais déclara quand même :

"Une... malédiction. C'est pour ça que tu as bu mon sang tout à l'heure ?"

*C'était très gênant d'ailleurs*

En y songeant, Ariane se sentait... bizarre. Une douce chaleur lui montait au visage tandis qu'elle parlait, mais pas cette rougeur habituelle de timidité, non, autre chose. Une impression... indéfinissable. Et le fait que Rosen soit maudit - un démon ? - ne la dérangeait pas plus que ça.

"Pourquoi dois-je faire attention à moi ? Tu ne vas...."

Une pensée soudaine la choqua. Son sourire se dissipa.

"Tu ne vas quand même pas me mordre ?"

"Une... malédiction. C'est pour ça que tu as bu mon sang tout à l'heure ?"
Rosen hocha lentement la tête. Son regard exprimait son pardon. Oui, vraiment, il était désolé d'avoir fait ça. Il en était même extrêmement gênée. Tout de même, le sang s'était trouvé sur son mollet... Il frémit à cette pensée. Rosen releva la tête. Elle ne semblait pas avoir peur de lui...

"Pourquoi dois-je faire attention à moi ? Tu ne vas...."

Cette question tira un sourire à Rosen. Sourire qui s'effaça bien vite.

"Tu ne vas quand même pas me mordre ?"

Rosen émit un beau rire cristallin. La mordre ? Et la vampiriser ? Mais son rire s'étrangla dans sa gorge. Il regarda la lune pendant quelques instants...

"Je le pourrais... Je pourrais te mordre... Comme les vampires... Mais la malédiction est héréditaire... De père en fils... Elle n'est pas 'contagieuse'..." *Pourquoi je lui raconte tout ça ?...*

Rosen était de plus en plus troublé. Tant pas la confiance qu'il plaçait soudainement en Ariane, que par ses questions. Ainsi que cette émotion étrange, qui le fascinait autant qu'elle le dérangeait... Et ce comportement abrutit qu'il avait eut il y a quelques minutes.

Et pourtant... Pourtant elle ne l'avait pas fuit. Elle n'avait pas eu peur. Elle restait là. Et il lui racontait tout. Ce qu'il, auparavant, n'avait jamais raconté... Il y a de quoi être troublé, non ?

"Je le pourrais... Je pourrais te mordre... Comme les vampires... Mais la malédiction est héréditaire... De père en fils... Elle n'est pas 'contagieuse'..."

Ariane était de plus en plus troublée. Ils se connaissaient à peine. Et voilà que Rosen lui racontait un histoire de malédiction... Il n'avait pas dû en parler à grand-monde. Le goût pour le sang, même héréditaire, doit être sacrément dur à assumer. Rosen avait l'air gêné. Regrettait-il de s'être délecté du sang de la jeune fille, quelques instants plus tôt ? Sûrement, Ariane le lisait dans ses yeux.

"Je ne t'en veux pas... Ce n'est pas de ta faute. Comme tu dis, c'est héréditaire."

La guerrière aurait peut-être dû s'enfuir. Mais non, Rosen pouvait bien être n'importe quoi, un vampire ou un loup-garou, cela n'avait pour elle aucune importance. Tout le monde ne pensait sans doute pas comme elle. Elle tenta d'imaginer la souffrance qu'on pouvait éprouver en se faisant rejeter pour quelque chose dont on n'était entièrement responsable. Ce devait être très rabaissant. Changeant de position pour se mettre à l'aise, Ariane s'assit en tailleur.

"Pour moi, ça ne change rien."

Elle lui adressa l'un de ses rares et éclatants sourires.

"Ça te rend juste encore plus spécial."

"Je ne t'en veux pas... Ce n'est pas de ta faute. Comme tu dis, c'est héréditaire."

Tient. Quelqu'un qui semblait le comprendre. Ses yeux verts clignèrent deux ou trois fois, avant qu'il ne frémisse. La fraîcheur commençait à tomber sur la colline...

"Pour moi, ça ne change rien." Elle lui offrit un éclatant sourire. "Ça te rend juste encore plus spécial."

Il cligna de nouveau des yeux, surpris. Encore... Plus... Spécial... ?! Il pencha la tête. Et ce sourire... Il s'empressa de le lui rendre, et une étincelle passa dans ses yeux pâles.

"Plus spécial ?... Je l'étais déjà avant ce soir ?"

Il émit un petit rire cristallin, avant de se reprendre.

"Si tu le dis... Mais toi aussi tu l'es. Je t'ai lécher la jambe -encore désolé, vraiment- poussé par des désirs vampirique, je t'ai avoué la malédiction qui plane et planera toujours sur ma famille... Et tu ne fuis même pas."

Il se laissa tomber dans l'herbe. Maintenant qu'il s'était calmé, il pouvait prendre son aise.

"Je dois t'avouer à regret que ton sang est merveilleux..."

Il esquissa un petit sourire moqueur, pour lui indiquer qu'il disait ça pour l'embêter. Et pourtant... C'était tellement vrai...

"Plus spécial ?... Je l'étais déjà avant ce soir ?"

Ariane baissa brusquement les yeux, les joues soudain embrasées. Elle se mordit la lèvre inférieure tandis que le jeune homme à ses côtés éclatait de rire. Il sourit. Il ne semblait pas moqueur, mais bon... Qu'est-ce qui lui avait pris, à elle, de parler autant ? Un seul mot, un mot de trop, avait dévoilé son coeur plus qu'elle ne l'aurait voulu. Au fond, elle ne comprenait pas trop ce qu'elle ressentait. Le guerrier exerçait sur elle une espèce de fascination... Une émotion inconnue qu'Ariane essayait de fuir. Mais en cet instant, sur la colline, il était si proche...

"Si tu le dis... Mais toi aussi tu l'es. Je t'ai lécher la jambe -encore désolé, vraiment- poussé par des désirs vampirique, je t'ai avoué la malédiction qui plane et planera toujours sur ma famille... Et tu ne fuis même pas."

Ariane profita des quelques instants pendant lesquels Rosen se mettait à l'aise pour se redresser prudemment. Fuir ?... Bah... Il n'avait pas l'air si dangereux.

"Je dois t'avouer à regret que ton sang est merveilleux..."

Il plaisantait ? Pas sûr... Un sourire fendit le visage de Rosen. Ariane lui jeta un regard moqueur, tout en espérant qu'il saisirait le sérieux dans ses paroles.

"Ce n'est pas pour ça que je te laisserai le boire."

Elle frisonna. Le froid commençait à faire sentir sa morsure. Elle entoura ses genoux de ses bras et les ramena contre sa poitrine. Peu enthousiasmée à l'idée de continuer à discuter, elle garda le silence et observa les étoiles. De temps à autre, elle lançai un regard furtif au guerrier.