Fascination |Pv Edwardian

Journée banale... Après ce que j'appelle la "routine du matin", j'étais sorti faire un tour avant l'entraînement de Symphonie. Ma petite apprentie... Qui n'est en fait pas si petite que ça... Mon apprentie donc, progressait prodigieusement vite. Il faut dire qu'elle faisait de gros efforts. Normal qu'ils soient récompensés. Aujourd'hui, j'allai lui donner son premier cours de chasse. Lorsque je lui en avait parlé, Sympho' s'était montrée franchement enthousiaste. Un peu trop peut-être ? Je n'ai pas compris pourquoi... Ce devait être sans importance...

Au fur et à mesure que je marchais, le soleil continuait sa course et dardait ses rayons de plus en plus fort. La neige succombait lentement à l'assaut de la chaleur... Et je me dit qu'il serait peut-être temps de rejoindre Symphonie. Telle que je la connaissais, elle serait sûrement venue en avance. Je repartis donc vers la piste des Daims.
En approchant, j'entendis des voix. Deux vois, pour être précis. Celle d'un homme qui ne me disait rien et... Celle de Symphonie ?

Symphonie : EDWI, PARS ! Y'A PLEIN D'ARCHER, Y'A MÊME UN MEC QUI...

Je me figeais en entendant ce cri. Bon sang, qu'est-ce qui avait pu arriver ? Je nageais en pleine confusion mentale lorsque l'homme hurla :

??? : TIREZ !!

Plus par réflexe que par volonté, je me jetais au sol. J'entendis les cordes des arcs se détendre, et une volée de flèches siffla au-dessus de moi. Le cœur cognant dans ma poitrine, je me relevai à demi. Silencieusement, je me mis à couvert derrière un arbre mort qui tenait encore miraculeusement debout. Je risquais un œil vers les hommes.

J'étais caché sur leur gauche, et ils me croyaient encore en face d'eux. Les imbéciles... Ils ne pouvaient pas me voir... Ils étaient assez nombreux : six archers, plus un homme qui... Attendez... Non, il n'avait pas osé... Qu'est-ce qu'il faisait, à tenir le menton de Sympho' dans sa main ?? Je crus voir des larmes couler sur la joue de la jeune fille. S'il avait osé faire pleurer mon apprentie, il allait le payer ! C'était MON apprentie, elle était sous ma responsabilité ! Oui, bon, c'était bien beau de dire ça, mais comment allais-je bien pouvoir faire ? Me planter tranquillement devant eux, "Alors bonjour, moi c'est Edwardian, je reprends Symphonie bye bye" ? Pas terrible. Alors, quoi ?...

Pendant que je réfléchissait, l'homme qui avait hurlé aux autres de me tirer dessus commença à s'éloigner, tirant Symphonie par le bras. Ses hommes le suivirent. Il pensait sans doute que je m'était enfui, effrayé. Eh bien non. faisant le moins de bruit possible en marchant, j'entrepris de les suivre. Ce serait moins dangereux, pour Symphonie autant que pour moi.

Retenant ma respiration, je regardais les archers disparaître derrière les buissons, sans me voir. Lorsque ils eurent disparu, je me détendis enfin. Me détendre... Façon de parler. J'étais toujours sur les nerfs. En présence de ces gars armés, je n'avais rien tenté, mais à présent ça allait changer ! Et puis, c'était qui cet homme ? Je ne me souvenais pas l'avoir déjà vu. Symphonie tenta tant bien que mal de se relever, mais attachée comme elle l'était, elle n'avait aucune chance. L'inconnu éclata d'un rire sadique qui me fit frissonner. Vraiment malsain, celui-là. Soudain, il se laissa tomber sur Symphonie. Carrément.

??? : Alors, ma jolie... On se fais la malle alors que j'ai pas eu le temps de déballé ?

Euh, ça voulait dire quoi, ça ? Je n'en avais pas la moindre idée... Et ça valait peut-être mieux... Je n'eus pas beaucoup le temps de réfléchir à cette phrase car l'homme se pencha sur mon apprentie et commença à la déshabiller. Oui, moi aussi ça m'a choqué. Après quelques secondes d'ahurissement total pendant lesquelles cet abruti eut le temps de mettre Symphonie torse-nu, je repris mes esprits et quittait le couvert des arbres, tandis que la jeune fille hurlait des injures à faire fuir tous les êtres vivants de la forêt. Ça se comprenait, vu la situation.

Symphonie : NAN MAIS SA VA BIEN, OUI ? DÉNUDER AINSI UNE JEUNE FILLE, C'EST HONTEUX !! ESPÈCE DE...

Se débattant comme une tigresse, Symphonie parvint à donner un bon coup de genou magnifiquement placé à son agresseur. Ce dernier laissa échapper un grognement puis, furieux, sortit un un couteau. Il le planta vivement à un cheveu du visage de mon apprentie, qui arrêta aussitôt de crier. Mon cœur rata un battement. Imbécile que j'étais, je n'étais pas armé ! Je me précipitai quand même vers l'homme et, avant qu'il ait le temps de réagir, je le frappais violemment à la nuque. Il chancela, à moitié assommé, et frappa dans le vide.

Je profitais de sa confusion pour aider Symphonie à se relever. Pas le temps de dénouer ses liens avant que le cinglé reprenne ses esprits. Du coin de l'œil, je surveillais l'inconnu qui se remettait du choc, et entraînai Symphonie vers la lisière de cette petite clairière. Après lui avoir murmuré "Pars Sympho, Cours !", j'attendis qu'elle parte. Ce n'étais certes pas facile de courir les mains dans le dos, mais on devrait faire avec. Si l'"agresseur" de mon apprentie nous rattrapait, autant que ce soit moi qui doive l'affronter.

Symphonie : Heu... Tu sais, Edwi, je sais bien que tu n'est pas une fille, mais je vais t'apprendre que c'est extrêmement gênant de courir comme ça... Ou d'être comme ça tout court, d'ailleurs.

Je regardai furtivement la jeune fille puis détournai le regard. Dans ma précipitation, je n'avais même pas vu que Symphonie était dans cet... état, disons. J'avais comme oublié. Je cherchai une excuse quelconque mais n'en trouvai aucune de valable. Aucune importance, Symphonie s'éloignait, marchant à grands pas. J'allais lui lancer de se dépêcher quand elle se mit à courir. Je la rattrapai rapidement et nous continuâmes à avancer, en silence. Vers où ? Aucune idée. Ce n'était pas ce qui me préoccupait le plus sur le moment.

Il me semblait que les fourrés s'agitaient. Un peu anxieux, je l'avoue, je me retournai sans arrêter de courir... Et me retrouvai soudainement face contre terre dans la mousse et la poussière, mon crâne heurtant le sol à quelques centimètres seulement d'une grosse racine. Eh ben, j'avais eu de la chance. Je me relevai rapidement et découvrit la cause de ma chute. Symphonie, par terre, tentant maladroitement de se relever. Elle y parvint tant bien que mal et se tourna vers moi, les joues en feu.

Symphonie : Heu... Est-ce que tu aurais un manteau, une chemise ou n'importe quoi pour moi ?...

Edwardian : Ah, euh... Oui, tiens, voilà. bredouillais-je en lui tendant ma veste et en m'efforçant de ne pas la regarder. Non, je n'ai pas d'idées obscènes, j'avais vraiment oublié !

Les buissons près de nous s'agitèrent bruyamment. Une branche craqua. Je me raidis, le cœur battant. L'autre fou ne nous avait quand même pas rattrapés ? Pas bon, ça... A vrai dire, l'homme en lui-même ne m'inquiétait pas trop. Son couteau, par contre... Symphonie dut avoir les mêmes pensées que moi car elle se cacha derrière mon dos. Ce n'était pas très courageux mais, dans sa situation, je pouvais le comprendre...

Mes craintes se virent confirmées lorsque l'agresseur de mon apprenti jaillit des bosquets, couvert de feuilles. Il brandit son couteau vers nous et lâcha un rire sardonique.

??? : HAHAHAHA !! Vous croyez vraiment pouvoir vous enfuir ? Pauvres idiots...

D'un formidable bond, il s'élança sur nous, visant Symphonie je suppose. Mais j'étais devant elle, alors impossible de le savoir. Je reculai brutalement, bousculant un peu mon apprentie. Ce type moyennement net me faisait vraiment peur. Une lueur malsaine illuminait ses yeux, et son sourire découvrait une dentition un peu trop blanche pour sembler normale. Je ramassai une branche qui me tombait sous la main et me mis en garde. Je devais avoir l'air ridicule, mais c'était tout ce que j'avais pour nous protéger. L'homme avança d'un pas et tenta de porter un coup, que je parai de mon arme improvisée. Le bâton se brisa sous l'impact, me laissant un morceau de bois d'une trentaine de centimètres dans les mains. Je le lançai de toutes mes forces à la figure de mon adversaire qui chancela. Je le quittai des yeux une seconde à peine, intimant d'un geste à Symphonie de s'éloigner. Mieux valait se faire tuer que de subie ce que voulait lui infliger ce dingue !

Ce dernier profita de ma baisse d'attention pour m'attaquer furieusement. Bondissant en avant, il tendit le bras en visant ma poitrine. Je tentai d'esquiver mais trop tard, son arme se planta profondément à la base de mon épaule. J'aurais pu crier tellement j'avais mal. Je sentais le sang imbiber mes vêtement, le tissu se collait à ma peau. L'individu retira son arme de la plaie, déclenchant une nouvelle vague de souffrance. Je frissonnai, reculai tant bien que mal et parvint à tenir debout. La sueur perlait à mon front, mon cœur cognait conter mes côtes. Ma blessure ne devait pas être superficielle... Jamais je n'avais eu aussi mal... Appuyant fortement ma main droite sur mon épaule blessée, je cherchai un moyen de m'en tirer... Franchement, je ne voyais pas...

??? : MOUHAHAHAHAHAAAAAA ! MOI, EDGAR JE VAIS... Je vais achever ton copain, belle Symphonie...

Ha... Alors comme ça, il s'appelait Edgar ?...

Mes jambes tremblaient. Il avait dit quoi ? M'achever ?... Je fit un pas en arrière. Chancelais. Tombais à genoux, la respiration haletante. Je vis Symphonie se jeter sur l'inconnu... Enfin non, Edgar, je connaissais son nom à présent. Je tentais de l'avertir, mais ma voix se réduit à un murmure pitoyable. Mais je n'allais pas la laisser se faire tuer ! Elle était inexpérimentée ! Si elle...

Je tentai de me relever, essuyai d'une main tremblante la sueur qui perlait à mon front. Je fixai mes doigts, stupéfait. Un liquide rougeâtre les recouvrait, et coulait au creux de ma paume jusqu'à mon poignet. Je vis trente-six chandelles. Je saignais toujours. Pas bon signe. Ma vision se troubla subitement, et je me repris tant bien que mal. Non ! Ne pas la laisser. Symphonie... Si elle... Je luttai quelques instants, puis ce fut le noir total.

Je rouvris les yeux et me redressai tant bien que mal. Symphonie se tenait près de moi. Elle sanglotait, ses joues striées de larmes. Je me mordis la lèvre. Lamentable. J'étais lamentable. Comment avais-je pu m'évanouir à un moment pareil ? Je me sermonnais intérieurement et jetai un regard alentours... Parce que, c'était bien beau tout ça, mais il était passé où, ce Edgar ? Puis je le vis. Lui. Sur le dos, une épée plantée au beau milieu du visage. Je grimaçai. Ce n'étais quand même pas Symphonie qui ?... Fallait croire que si.

Symphonie : Pardon... Edwi... Sa... Sa va ?...

Je lançais à mon apprentie un regard interrogateur. Désolée pour quoi ? Mon questionnement se mua en stupeur quand je remarquai qu'elle avait changé. Elle semblait plus... Grande, plus adulte.

Symphonie : Heu... Je pourrais te soigner... Dans ma chambre... Tu... Tu viens ?... Je suis désolée... Je sais pas quoi faire, ça me dépasse ! Tout est de ma faute, je suis qu'une bonne à rien !! Ho, pardonne moi !

Elle avait l'air désespéré. Comme si c'était vraiment de sa faute. Je lui adressai un faible sourire avant d'essayer de la rassurer.

Moi : Arrête, Symphonie. Tu vaux bien plus que tu ne le penses. A ton avis... Qu'est-ce qui se serait passé si tu ne l'avais pas tué ? Je serais mort. Et toi... Mieux vaut ne pas y penser.

Je pensais avoir tout dit. Euh, sauf que je n'avais répondu à aucune de ses questions. Je repris donc la parole. Soit dit en passant, j'étais satisfait d'avoir repris le contrôle de ma voix.

Moi : Moui, on ferait mieux de rentrer. Par contre, tu ne dois pas être la mieux placée pour soigner ça, sans vouloir te vexer...

Je m'appuyais sur une souche pour me relever, réprimant à grand peine une grimace de douleur. Ma blessure me faisait toujours autant souffrir. Puis j'avançai d'un pas avant d'attendre mon apprentie.