Nuit d'orage [/!\ Plus de participants supplémentaires]

Antonio sortit du château à grand pas. Autour de lui, la pluie martelait le sol. Ses cheveux noirs étaient collés contre son crâne, et ses yeux rouges de peine et de fatigue presque invisibles sous ses mèches de cheveux. Mouillé, trempé jusqu'au os, même gelé sur place. Mais rien ne pouvait arrêter le compositeur énervé, chagriné, presque harcelé. Il arnacha son étalon, noir comme la nuit, et partit au triple galop vers l'auberge. L'orage et la nuit était bien avancé. La pluie martelait toujours le pavé de la rue, et le compositeur attacha le cheval, à l'abri, avant d'entrer. Il s'assit à une table, dans le fond.

"Un verre de vin... S'il vous plaît... Non, une bouteille... Vin rouge... Le plus fin que vous aillez... S'il vous plaît..." fit le compositeur de sa voix grave.

Et quand il eut sa bouteille, il se remplit un verre qu'il avala d'un trait. Pourquoi ? Pourquoi triste et en colère ? Pourquoi se regard lourd de peine et de haine ?... Depuis ce jour merveilleux, où Plume était devenue son amante, sa vie était presque un enfer. Non, pas à cause de la jeune femme, bien au contraire ! S'il restait en vie, c'était bien grâce à elle. Mais Edwardian, qui semblait fort jaloux, avait l'air d'avoir envie de protéger la jeune femme d'une menace quelconque. Quelle menace ? Aucune ! Il voulait juste tenir le compositeur et la Belle éloigné... Antonio n'y pouvait rien. Quand on est simple chasseur, que peut-on faire contre le chef des chasseur ? Rien. Si ce n'est écouter ses ordres. Et quand Plume n'écoutait pas, ses ordres étaient clair et sans appel ; dégage.
Quoi qu'il fasse, il ne pouvait pas voir Plume. Sauf le matin très tôt, le soir s'il avait de la chance, ou aux repas... De plus, Edwardian le surmenait. Il l'envoyé sans cesse chasser, où faire divers "missions"... Et il avait l'impression que Plume n'était pas heureuse. Ce n'était peut-être qu'un impression après-tout. La seule phrase qu'elle lui répétait, et qui lui permettait de restait en vie, c'était "je t'aime". Tous les jours, la seule marque d'amour qu'elle pouvait lui offrir, et qu'il pouvait lui retourner. Quand verrait-elle le petit manège de son vieil ami d'enfance ?! En attendant, Antonio en avait marre. Il voulait tout oublier dans un verre de vin. Même plusieurs. Juste le temps d'une soirée... Qu'il aurait préféré passé en compagnie de Plume, sur l'île au cerisier, comme cette nuit merveilleuse ou ils avaient dormit l'un contre l'autre...

Antonio sortit de ses pensées.

"Désolé... Vous me semblez bien seule..."

L'alcool n'y était pour rien. Antonio voulait parler. Pour une fois...

Le jeune homme entra en coup de vent, trempé par l'orage, et s'installa à une table à l'écart, dans un recoin sombre. Il avait l'œil un peu hagard et l'air de quelqu'un qui ne sait plus où il en est. Elena s'approcha mais avant qu'elle ait pu ouvrir la bouche, le jeune homme lança :
"Un verre de vin... S'il vous plaît... Non, une bouteille... Vin rouge... Le plus fin que vous aillez... S'il vous plaît..."
La jeune tavernière hocha la tête. Elle se détourna gracieusement et disparut dans la cave. Elle revint bientôt, essuyant la mince couche de poussière qui recouvrait la bouteille. Un très vieux vin. Son meilleur cru. Elle se dirigea d'un pas sûr vers son client et lui montra la bouteille. Elle la posa sur la table, guetta l'approbation du jeune homme. Il était totalement perdu dans ses pensées. Elena haussa légèrement les épaules et s'apprêta à retourner au comptoir.
"Désolé... Vous me semblez bien seule..."
*Tiens. Il n'as pourtant pas l'air très causant*
"Oui... Il n'y a jamais eu beaucoup de monde. Sauf..."
La jeune fille hésita un peu avant de révéler le fond de sa pensée.
"Sauf ces abrutis alcooliques aux pensées obscènes !" cracha-t-elle.
Elena s'interrompit un instant. Elle observa à la dérobée le visage de l'inconnu. Elle fut impressionnée par la violence des sentiments inscrits dans le regard du jeune homme. De la haine. De la colère. De la tristesse. La jeune fille n'avait aucune idée des pensées qui l'accablaient mais elle était sûre que si il avait pu perdre la mémoire, il l'aurait fait sur le champ.
"Enfin, j'ai l'air moins seule que vous." dit-elle d'une voix moins assurée qu'à l'ordinaire.
Elle aurait aimé proposer son aide au jeune homme, mais après tout, ce n'était peut-être pas ses affaires.

"Désolé... Vous me semblez bien seule..."
"Oui... Il n'y a jamais eu beaucoup de monde. Sauf..." La jeune tavernière sembla hésiter."Sauf ces abrutis alcooliques aux pensées obscènes !"

Antonio regarda pensivement la bouteille de vin. Il regarda l'étiquette avec attention, puis souris en se servant un verre, qu'il commença à siroter lentement.

"Enfin, j'ai l'air moins seule que vous."

Le jeune compositeur posa son verre et sourit tristement.

"Ha ! Si je pouvais réellement être seul..." Antonio secoua la tête. "Enfin, non... Ce n'est pas ce que je voulais dire. Disons que... Si il n'était pas là... Et disons que si elle n'était pas Alpha... Et disons plein de chose, tant qu'on y est..."

Le jeune compositeur observa la pièce autour de lui. Il remarqua à peine que le mot Alpha semblait intriguer la jeune femme. C'était ici, qu'il venait boire, de temps à autre. Antonio se retint de pester. Il croisa le regard de la tavernière.

"Il, qui est "il", pensez-vous certainement... Ho, vous le connaissait, j'en suis certain. Il me semble qu'il apprécie cet endroit..." Antonio prit une gorgée du délicieux breuvage. "Lui... Edwardian !"

Antonio avait crié le nom du chef des chasseurs. Il frémit.

"Désolé..."

Le compositeur soupira faiblement. Il remua lentement le vin dans son verre, en regardant pensivement le liquide rougeâtre. En pensant à ce que Plume dirait si elle le voyait ici, son visage se radoucit. Il posa le verre, se rendant compte qu'il ne s'était même pas présenté.

"Excusez-mon manque de courtoisie... Je suis Antonio, compositeur et chasseur de la Meute."

Le compositeur observa mieux la jeune femme. Elle avait des cheveux d'un noir de jais, et ses yeux étaient bleus foncés. Bien que fine, la jeune femme semblaient musclée. C'était bien le contraire de la Plume humaine qu'il aimait tant... Il soupira, en essayant de chasser ces obscures pensées.

"Ha ! Si je pouvais réellement être seul... Enfin, non... Ce n'est pas ce que je voulais dire. Disons que... Si il n'était pas là... Et disons que si elle n'était pas Alpha... Et disons plein de chose, tant qu'on y est..."

La tavernière était un peu perplexe. "Alpha" ? Elle ne connaissait pas ce mot. "Il" ? "Elle" ? Le jeune homme promena son regard profond sur la salle. Il fixa son regard sur les prunelles de la tavernière.

"Il, qui est "il", pensez-vous certainement... Ho, vous le connaissait, j'en suis certain. Il me semble qu'il apprécie cet endroit..."

Le jeune homme s'interrompit le temps d'avaler une gorgée de vin.

"Lui... Edwardian !"

Elena sursauta. Le jeune homme avait littéralement crié le dernier mot. Ses épaules tremblèrent.

"Désolé... Excusez-mon manque de courtoisie... Je suis Antonio, compositeur et chasseur de la Meute."

La jeune fille esquissa un sourire.

"Il n'y a pas de mal... Je suis Elena, Solitaire, et bien sûr tavernière. Ouais, Edwardian, je vois qui c'est...[b]

Elena plongea ses yeux bleu nuit dans les yeux noisette du jeune homme. Après quelques instants de silence, elle détourna le regard. Puis elle s'adressa à Antonio de sa voix habituelle, franche et assurée.

[b]"Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais, franchement, vous n'avez pas vraiment l'air d'aller bien. Si je peux vous aider..."

Elena se détourna et regagna le comptoir, à quelques pas seulement de la table. Elle essuya distraitement deux verres en cristal, la seule vaisselle précieuse qu'elle possédait.

"Il n'y a pas de mal... Je suis Elena, Solitaire, et bien sûr tavernière. Ouais, Edwardian, je vois qui c'est... Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais, franchement, vous n'avez pas vraiment l'air d'aller bien. Si je peux vous aider..."

Antonio aller répliquer que rien ni personne ne pouvait l'aider, si ce n'était la cause du problème en lui-même. Mais il n'en eu pas le loisir ; une jeune femme arriva, trempée. La jeune inconnue lui rappelait pourtant vaguement quelques chose...

"Il y a quelqu’un ? Je veux seulement m’abriter..."

Elle ne put en faire plus, et s'effondra au sol. Antonio, plongé dans ses pensées, n'esquissa pas le moindre geste. Il avait à moitié saisit le sens des paroles, et avait encore moins vut la jeune femme tomber... Puis soudain, tout devint clair. Dans sa jeunesse, Plume n'avait pas été seule. Elle était toujours accompagnée de sa fidèle amie, même quand il s'agissait de taquiner plus où moins violemment le jeune compositeur, encore gamin, comme elles, à cette époque. Puis, plus tard, il apprit que cette compagne de jeux n'était autre que la soeur de Plume... Il s'agissait donc de...

"ERINA !"

Le compositeur la chercha du regard, avant de la voir à terre. Il sauta sur ses jambes, et bouscula sans vraiment le vouloir Elena, avant de s'accroupir près de la jeune femme. A première vue, cela ne semblait pas tellement grave. Elle était trempée, gelée, et fatiguée... Cela devait être ça. Il jeta un regard sombre à la Tavernière. Enfin... Son regard habituel, quoi.

"Il s'agit de la soeur de ma Muse. Vous savez, ma Juliette qui se fait tourner autour par Edwardian... Il s'agit de Plume. Et si je ne me suis pas trompée, cette jeune femme Erina..."

Antonio n'avait pas oublié la "fuite" de l'ex membre de la Meute. Mais au fond de lui, il ne lui en voulait pas. Après tout... Cela avait été son choix, et, à ce qu'il sache, elle n'avait jamais trahit ni sa soeur, ni son ancienne colonie...

Il pleut, il mouille c'est la fête à la grenouille ! ♫

Chantonnant cette mélodie mélodieusement mélodique, je gambadais dans la boue sombre et froide, dans cette pluie glaciale et meurtrière. Mon béret retenait mes cheveux blancs pour cacher mon identité...J'avais faim, j'avais froid ! Et je ne voulais pas que le petit être meurt avec moi ! Alors, dans cette drôle de rue, je rentrais dans une auberge et demanderais charité...Bon, on me mettra certainement dehors, mais on ne sait jamais !

Ah...Grand sourire je rentrais dans la maisonnée. Mais je tombais mal. Un jeune homme soulevait une femme inconsciente et une autre dame était près de la scène. Il s'était passé quelque chose à mon avis...Et le pire dans tout ça ? J'étais de plus en plus imprudente ! Bien, soit on fait face aux trois personnes, soit on se rend dans ce paysage froid et cauchemardesque...J'ai déjà fait mon choix.

Mon béret mouillé sur ma tête, mes vêtements trempés, j'étais bien belle ! De mon oeil doré je fixais toujours immobile les péripéties avec un sourire pétrifié...Pourtant, je me remis en marche pour essayer de dire quelque chose...Fallait bien !

-Euh...Ca va ?

Quelle question idiote ! Quelle imbécile je fais ! Evidemment que ça va pas ! Face à ma propre bêtise je commençais à avoir les larmes aux yeux. C'est pas juste ! Ca n'arrive qu'à moi d'abord ! Bououhouhouh....Un rire gêné et je ne savais pas vraiment quoi faire ! Ah ! Je sais ! Aider à la relever. Je tendis la main, sans réellement voir la marche devant moi et trébucha pour me retrouver par terre. Le nez écrasé sur le parquet...Quand je dis que ça n'arrive qu'à moi ! Relevant la tête, un sourire débile, et je ris toujours gênée avec du sang coulant de mon nez...Et tu veux dire quoi après ça ?! Bonjour, je m'appelle Hannah, et vous vous êtes qui ? Je peux aider ? Rah mais franchement...

[je m'inscruste, ça dérange ? =3]

Ordre : Antonio -> Hannah -> Ariane -> Erina

Elena restait parfaitement calme. Elle analysa les faits. Une jeune femme effondrée par terre, le compositeur accroupi près d'elle. Le jeune homme lançait d'ailleurs un regard noir à la tavernière. Et il y avait cette jeune fille, un sourire gêné ancré sur le visage, du sang dégoulinant de son nez. Jouissant d'une sorte d'autorité naturelle, Elena prit le contrôle de la situation.

"Antonio. Porte la demoiselle dans une des chambres, couloir de gauche, n'importe laquelle, toutes sont vides. Allonge-la, j'apporte de quoi la réchauffer."

Elle attrapa à la volée un chiffon propre et se dirigea vers la dernière arrivante.

"Un instant jeune fille, je m'occupe de vous dès que possible." dit-elle en lui fourrant le torchon dans les mains.

Sans s'occuper du compositeur - qui avec un peu de bon sens allait suivre ses ordres -, la tavernière se dirigea d'un pas martial vers le bar et mélangea dans une tasse un peu de vin et quelques épices. Elle touilla délicatement le tout et le posa sur le comptoir.
Retournant en direction de la demoiselle au visage ensanglanté, Elena se planta bien devant elle et, malgré la situation désastreuse, dit avec une voix franche et amicale :

"Je suis à vous mam'zelle. Asseyez vous donc."

*Quel regard étrange. Un oeil doré, et l'autre... Elle est borgne. Et trempée avec ça ! J'vais bien devoir y faire quelque chose.*

"Je suppose, jeune fille, que vous n'êtes pas bien à l'aise. J'ai des vêtements de rechange, si vous voulez."

Le visage de la tavernière se troubla un instant, comme si elle avait oublié quelque chose.

"Ah. Au fait, qui êtes vous ?"

Antonio acquiesça à "l'ordre" d'Elena, même s'il n'aimait pas particulièrement en recevoir d'autre personne que ces supérieurs... Il se pencha au-dessus d'Erina, et, alors qu'il allait la soulever pour l'emmener en haut, elle murmura :

Antonio... C'est bien toi ?

Le compositeur observa la jeune femme quelques instants, avant de déclarer.

"Oui. C'est bien moi."

Antonio la souleva et l'emmena alors à l'étage, pendant que l'aubergiste s'occupait de l'autre jeune femme... Elle était étrange... Le compositeur entra dans la première chambre qu'il vit, et allongea Erina sur le lit, et l'observa. La jeune femme ne ressemblait pas à sa soeur... Sa soeur. Que faisait Plume, en ce moment ? Le jeune compositeur était certain que la jeune Alpha serait heureuse de revoir sa soeur... Si elle ne l'avait pas déjà fait.

Antonio jeta un coup d'oeil à la porte, mais comme Elena n'arrivait toujours pas, il tira la couverture sur Erina, tira une chaise et s'y assit. Il aurait dut emmener son verre de vin... Soupirant, il crut entendre quelqu'un monter.