Symphonie en ré majeur |Pv

Quand Edwardian se leva après une nuit des plus calme, la première chose qui le frappa fut l'intensité des rayons du soleil frappant les carreaux de sa fenêtre. Ou plutôt, leur non-intensité. Ils diffusaient une lumière pâle, une lumière d'hiver... Le chasseur se vêtit prestement et ouvrit en grand sa fenêtre. Il frissonna lorsque l'air frais s'engouffra dans sa chambre, mordant son visage et ses bras nus. Son souffle formait de petits nuages de buée en s'échappant de ses lèvres.

Il descendit à la cuisine, attrapa une tranche de pain et une petite pomme, puis s'assit sur un tabouret pour déguster tranquillement son petit-déjeuner. Après quoi il se dirigea vers la salle d'armes, où il prit sa dague. C'était un jour comme les autres et, à cause du froid, propice à la traque... Alors autant remplir son devoir de chasseur. Il se dirigea vers la forêt et repéra rapidement un petit troupeau de chevreuils. Cela représentait une quantité importante de gibier, il préféra donc rentrer au château pour chercher du "renfort"...

Il avait à peine parcouru la moitié du couloir principal qu'il vit Rosaline courant vers lui à toute vitesse, malgré son grand âge. La vieille femme était toute essoufflée, et s'adressa à lui d'une voix hachée.

Rosaline : Plu... Plume... Elle a... Elle accouche !

Edwardian resta sous le choc de cette phrase quelques instants, assez longtemps pour que Rosaline lui attrape le bras et commença à le traîner derrière elle. Le jeune homme réalisa alors la situation et courut jusqu'à la chambre de Plume, abandonnant son arme sur le sol carrelé. Il entra en trombe dans la chambre et reçut un nouveau choc. Crystal était étendue par terre, inconsciente. Antonio serrait la main de Plume dans la sienne. Antonio qui pleurait. Et les larmes qui ruisselaient, qui goutte à goutte allaient s'écraser sur la main de l'Alpha. Et les draps écarlates, la pâleur du visage de Plume, la sueur qui perlait sur son front, la douleur visible sur son visage. Edwardian sentit sa tête tourner, chancela, se rattrapa comme il put et - Ô mon Dieu ces draps qui se teintaient de rouge - s'approcha de sa bien-aimée. Celle qui, bien que mariée, serait toujours et à jamais celle à qui il avait offert son cœur. Bon sang, comment l'aider ? Voir Plume souffrir, cela lui était insupportable. Il crut qu'il allait pleurer lui aussi, sa gorge se serrait. Mais les larmes ne serviraient à rien... Il se mordit les lèvres et observa Antonio. Le compositeur était en piteux état. Pas la peine de compter sur lui. Crystal ? Dans les pommes. Mais alors, qui ? Soudain, la solution apparut au chasseur, si évidente qu'il se maudit de ne pas y avoir pensé plus tôt. Qui était la personne la plus qualifiée pour ce genre de cas ? Une guérisseuse ! Et qui était la guérisseuse de la Meute ?

*ERINA !!!*

Edwardian s'écarta du lit de Plume, prit Crystal dans ses bras - il valait mieux ne pas la laisser là - et courut aussi vite qu'il le put à l'infirmerie du château. Ses pas claquaient contre le sol de pierre... Son cœur battait au rythme de son inquiétude et de sa frayeur. Il ouvrit la porte et entra sans prendre la peine de frapper. Il déposa la lieutenante évanouie sur le lit et se précipita vers Erina, essouflé par son sprint à travers les couloirs.

Edwardian : Erina... C'est Plume... Elle est en train d'accoucher... Elle...

Sa voix se brisa. Il se tut et prit une profonde inspiration pour tenter de se calmer.

Edwardian : Elle saigne, c'est horrible... Crystal n'a pas supporté, elle s'est évanouie... S'il te plaît, aide-la !!! J'ai...

Les derniers mots lui restèrent en travers de la gorge, il dût s'y prendre à deux fois pour arriver à les dire.

Edwardian : J'ai trop peur qu'elle meure...

Les yeux du chasseur s'embuèrent, qu'est-ce qu'il avait horreur de flancher devant quelqu'un mais là c'était trop, des sanglots secouèrent sa poitrine tandis que des larmes coulaient sur ses joues.

Antonio : Bienvenue parmi nous, Symphonie...

Symphonie ? Un joli prénom, du point de vue d'Edwardian. Peu courant. Mais bon, quand on connaissait le père... Oui, car le bébé était bien né de l'union de Plume et d'Antonio. Le chasseur était certes heureux pour Plume - et seulement pour elle d'ailleurs - mais la simple idée qu'Antonio ait pu... Enfin voilà... Concevoir un enfant avec l'Alpha... Lui donnait des envies de meurtre.

Le compositeur alla faire la bise à Erina et Plume, puis jeta un coup d'œil à Edwardian avant de lui serrer la main, ce qui étonna un peu le chasseur. Antonio retourna auprès de Plume et esquissa un sourire. Il semblait vraiment aux anges...

Antonio : Je pense qu'il va falloir changer tous ces draps, plus tard...

Edwardian observa le lit de Plume. Effectivement, il y avait intérêt à nettoyer. A se demander si le tissu serait récupérable. Puis son regard glissa sur Plume elle-même. Ses yeux exprimaient toute la confusion qui régnait dans son esprit. Il ne savait pas franchement ce qu'il ressentait. De la colère ? Non, pas vraiment. Plutôt le poids d'une réalité qu'il lui fallait accepter. Il était sûr que cela allait arriver et pourtant, cela lui semblait... Irréel. Ou plutôt, il ne voulait pas l'accepter. Le chasseur détourna les yeux et les posa sur la porte, puis sur la fenêtre, cherchant un moyen de prendre congé sans trop passer pour un rustre.